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LA COMÈTE

pas bien derrière les barreaux.

Eux, ils couraient déjà, semant leurs défroques sur leur route, et entendirent à peine le dernier trait qu’elle leur lançait :

— Vous pouvez me remercier de vous rendre le Noël facile !

Une heure plus tard, dans une chambre isolée, au grenier d’une pension minable, deux hommes échangeaient des réflexions tristes, assis sur une vieille malle, l’air déjeté, anéanti.

— Sacré sort ! disait le « gérant », mieux connu dans le monde sous le nom de Bibi-l’Anguille, quel plâtras, quel gâchis ! Avoir raté une chance pareille ! Tu me connais, je conspue le sentiment : qu’est-ce qui m’a pris, je te le demande, de laisser filer ces bijoux ? Car, il n’y a pas à dire, nous les tenions, ils étaient dans le sac ; et je m’en vais bêtement les leur remettre sous le nez ! Bien oui, y avait ces femmes qui faisaient leur potin, qui piaillaient comme si on leur cassait les os ; en as-tu jamais vu d’aussi ergoteuses ? Et le gosse qui se pendait, qui voulait le fusil, qui m’étouffait les jambes ! Tout ça m’a énervé. Mais sais-tu ce qui m’a perdu, ce qui m’a coulé complètement ? Eh bien, c’est cette comète. Nom de nom, qui est-ce qui avait fichu cette comète en haut du sapin ? Les bras me sont tombés de la voir tout-à-coup