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ainsi, des partisans à crédit. Que la royauté se montre sincèrement enfin l’amie de la liberté, sa souveraine, alors elle s’assurera une durée pareille à celle de la nation elle-même, alors on verra que les citoyens qui ne sont accusés d’être au delà de la constitution que par ceux mêmes qui sont évidemment en deçà ; que ces citoyens, quelle que soit leur théorie arbitraire sur la liberté, ne cherchent point à rompre le pacte social ; qu’ils ne veulent pas, pour un mieux idéal, renverser un ordre de choses fondé sur l’égalité, la justice et la liberté. Oui, messieurs, je dois le répéter, qu’elles aient été mes opinions individuelles lors de la révision de la Constitution, sur les choses et sur les hommes, maintenant qu’elle est jurée, j’appellerai à grands cris la mort sur le premier qui lèverait un bras sacrilège pour l’attaquer, fût-ce mon frère, mon ami, fût-ce mon propre fils ; tels sont mes sentiments.

La volonté générale du peuple français manifestée aussi solennellement que son adhésion à la Constitution, sera toujours ma loi suprême. J’ai consacré ma vie tout entière à ce peuple qu’on n’attaquera plus, qu’on ne trahira plus impunément, et qui purgera la terre de tous les tyrans, s’ils ne renoncent pas à la ligue qu’ils ont formée contre lui. Je périrai, s’il le faut, pour défendre sa cause ; lui seul aura mes derniers vœux, lui seul les mérite ; ses lumières et son courage l’ont tiré de l’abjection du néant ; ses lumières et son courage le rendront éternel.


DISCOURS DE DANTON, MINISTRE DE LA JUSTICE, SUR
LES MESURES RÉVOLUTIONNAIRES


ASSEMBLÉE LÉGISLATIVE. ― Séance du 28 août 1792.


Le pouvoir exécutif provisoire m’a chargé d’entretenir l’Assemblée nationale des mesures qu’il a prises pour le salut de l’empire. Je motiverai ces mesures en ministre du peuple, en ministre révolutionnaire. L’ennemi menace le royaume, mais l’ennemi n’a pris que Longwy. Si les commissaires de l’Assemblée n’avaient pas contrarié par erreur les opérations du pouvoir exécutif, déjà l’armée remise à Kellermann se serait concertée avec celle de Dumouriez. Vous voyez que nos dangers sont exagérés.

Il faut que l’armée se montre digne de la nation. C’est par une convulsion que nous avons renversé le despotisme ; c’est par une grande convulsion nationale que nous ferons rétrograder les despo-