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sait tout respecter, même jusqu’à ses accusateurs. Vous êtes traduit ici par la première des autorités ; vous devez toute obéissance à ses décrets, et ne vous occuper que de vous justifier des différents chefs d’accusation dirigés contre vous ; je vous invite à vous en acquitter avec précision, et surtout à vous circonscrire dans les faits.

Réponse. — L’audace individuelle est sans doute réprimable, et jamais elle ne put m’être reprochée ; mais l’audace nationale dont j’ai tant de fois donné l’exemple, dont j’ai servi la chose publique ; ce genre d’audace est permis, et il est même nécessaire en révolution, et c’est de cette audace que je m’honore. Lorsque je me vois si grièvement, si injustement inculpé, suis-je le maître de commander au sentiment d’indignation qui me soulève contre mes détracteurs. Est-ce d’un révolutionnaire comme moi, aussi fortement prononcé, qu’il faut attendre une réponse froide ? Les hommes de ma trempe sont impayables, c’est sur leurs fronts qu’est imprimé en caractères ineffaçables le sceau de la liberté, le génie républicain ; et c’est moi que l’on accuse d’avoir rampé aux pieds de vils despotes, d’avoir toujours été contraire au parti de la liberté, d’avoir conspiré avec Mirabeau et Dumouriez ! Et c’est moi que l’on somme de répondre à la justice inévitable, inflexible !… Et toi, Saint-Just, tu répondras à la postérité de la diffamation lancée contre le meilleur ami du peuple, contre son plus ardent défenseur !… En parcourant cette liste d’horreur, je sens toute mon existence frémir.

Danton allait continuer sur le même ton, lorsque le président lui observe de nouveau qu’il manque tout à la fois à la représentation nationale, au tribunal et au peuple souverain, qui a le droit incontestable de lui demander compte de ses actions :

Marat fut accusé comme vous. Il sentit la nécessité de se justifier, remplit ce devoir en bon citoyen, établit son innocence en termes respectueux, et n’en fut que plus aimé du peuple, dont il n’avait cessé de stipuler les intérêts. Marat ne s’indigna pas contre ses calomniateurs ; à des faits, il n’opposa point des probabilités, des vraisemblances, il répondit catégoriquement à l’accusation portée contre lui, s’appliqua à en démontrer la fausseté et y parvint. Je ne puis vous proposer de meilleur modèle, il est de votre intérêt de vous y conformer.

Réponse. — Je vais donc descendre à ma justification, je vais suivre le plan de défense adopté par Saint-Just. Moi, vendu à Mirabeau, à d’Orléans, à Dumouriez ! Moi, le partisan des roya-