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gères. Au surplus, j’avais chargé Billaud-Varennes de surveiller Dumouriez ; c’est lui qu’il faut interroger sur cette matière. Il doit un compte particulier des observations dont il était chargé.

Le juré. — Comment se fait-il que Billaud-Varennes n’ait pas pénétré les projets de Dumouriez, qu’il n’ait pas pressenti ses trahisons et ne les ait pas dévoilées ?

Réponse. — Lorsque l’événement a prononcé, il est bien facile de juger ; il n’en est pas de même tant que le voile de l’avenir existe ; mais d’ailleurs, Billaud-Varennes a fait à la Convention son rapport sur Dumouriez et ses agents.

Billaud m’a paru fort embarrassé sur le compte de ce Dumouriez. Il n’avait pas une opinion bien déterminée sur ce fourbe adroit qui avait l’assentiment de tous les représentants : « Dumouriez, me disait Billaud, nous sert-il fidèlement, ou est-ce un traître ? Je n’ose le décider. »

Quant à moi, dit Danton, cet homme m’était suspect à certains égards ; aussi me suis-je fait un devoir de le dénoncer.

Danton parlait depuis longtemps avec cette véhémence, cette énergie qu’il a tant de fois employée dans les assemblées. En parcourant la série des accusations qui lui étaient personnelles, il avait peine à se défendre de certains mouvements de fureur qui l’animaient ; sa voix altérée indiquait assez qu’il avait besoin de repos. Cette position pénible fut sentie de tous les juges, qui l’invitèrent à suspendre ses moyens de justification, pour les reprendre avec plus de calme et de tranquillité.

Danton se rendit à l’invitation et se tut.

(Numéro 23 du Bulletin du tribunal révolutionnaire.)


Suit l’interrogatoire de quelques-uns des autres accusés ; ceux-ci se récriant, l’accusateur public leur dit :

Il est temps de faire cesser cette lutte tout à la fois scandaleuse et pour le tribunal et pour tous ceux qui vous entendent ; je vais écrire à la Convention pour connaître son vœu, il sera bien exactement suivi.

(Numéro 24 du Bulletin du tribunal.)


Dans la séance de la Convention du 15 germinal, Saint-Just, au nom du Comité de salut public et de sûreté générale, monte à la tribune et dit :

L’accusateur public du tribunal révolutionnaire a mandé que la révolte des coupables avait fait suspendre les débats de la justice jusqu’à ce que la Convention ait pris des mesures. Vous avez