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échappé au danger le plus grand qui jamais ait menacé la liberté ; maintenant tous les complices sont découverts, et la révolte des criminels aux pieds de la justice même, intimidés par la loi, explique le secret de leur conscience ; leur désespoir, leur fureur annonce que la bonhomie qu’ils faisaient paraître, est le piège le plus hypocrite qui ait été tendu à la Révolution.

Quel innocent s’est jamais révolté devant la loi ? Il ne faut pas d’autres preuves de leurs attentats que leur audace. Quoi ! ceux que nous avons accusés d’être les complices de Dumouriez et d’Orléans, ceux qui n’ont fait une révolution qu’en faveur d’une dynastie nouvelle ; ceux-là qui ont conspiré pour le malheur et l’esclavage du peuple, mettent le comble à leur infamie.

S’il est ici des hommes véritablement amis de la liberté, si l’énergie qui convient à des hommes qui ont entrepris d’affranchir leur pays, est dans leur cœur, vous verrez qu’il n’y a plus de conspirateurs cachés à punir, mais des conspirateurs à front découvert, qui comptant sur l’aristocratie avec laquelle ils ont marché depuis plusieurs années, appellent sur le peuple la vengeance du crime.

Non, la liberté ne reculera pas devant ses ennemis : leur coalition est découverte. Dillon, qui ordonne à son armée de marcher sur Paris, a déclaré que la femme de Desmoulins avait touché de l’argent pour exciter un mouvement, pour assassiner les patriotes et le tribunal révolutionnaire. Nous vous remercions de nous avoir placés au poste de l’honneur ; comme vous, nous couvrirons la patrie de nos corps.

Mourir n’est rien pourvu que la Révolution triomphe ; voilà le jour de gloire, voilà le jour où le Sénat romain lutta contre Catilina, voilà le jour de consolider pour jamais la liberté publique. Vos comités vous répondent d’une surveillance héroïque. Qui peut vous refuser sa vénération dans ce moment terrible, où vous combattez pour la dernière fois contre la faction qui fut indulgente pour vos ennemis, et qui aujourd’hui retrouve sa fureur pour combattre la liberté ?

Vos comités estiment peu la vie, ils font cas de l’honneur. Peuple, tu triompheras, mais puisse cette expérience te faire aimer la Révolution par les périls auxquels elle expose tes amis.

Il était sans exemple que la justice eût été insultée ; et si elle le fut, ce n’a jamais été que par des émigrés insensés, prophétisant la tyrannie. Eh bien, les nouveaux conspirateurs ont récusé la conscience publique. Que faut-il de plus pour achever de