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CIX
INTRODUCTION.

il fait allusion, ou bien qui se trouvent implicitement condamnées par ses affirmations, afin que les unes et les autres puissent être mieux saisies et plus facilement appréciées.

1o Tout vient de Dieu, et les substances et leurs qualités, soit essentielles, soit accidentelles, et leur être et leur perfection. Telle est l’origine des purs esprits auxquels il est donné de saisir par intuition directe les vérités dont ils se nourrissent ; telle est l’origine des hommes, âmes attachées à des corps, et qui, par suite, ont une vie complexe et des moyens multiples de la maintenir et de la mener à sa fin ; telle est l’origine du reste des êtres doués de sensibilité, d’organisation ou de simple existence. La grâce qui déifie les natures intelligentes, la force de connaître et d’aimer qui les caractérise essentiellement, la vie animale des brutes, le mouvement végétatif des plantes, la marche régulière et harmonique de tous les mondes ont en Dieu même leur point de départ. De là encore les choses tiennent leur mesure, soit dans l’être, soit dans le temps, soit dans l’espace : sous quelque forme enfin que le réel apparaisse, de quelque nom qu’on le désigne, tout ce que possèdent les créatures, tout ce qui les constitue, trouve en Dieu sa source féconde.

Cette affirmation est un point de croyance catholique. La philosophie ancienne, transfuge des traditions primitives, et se confiant en la seule raison, a constamment professé une doctrine opposée ; ses plus nobles représentants, Aristote et Platon, admettaient l’éternité du monde. Le panthéisme de tous les temps peut dire sans se compromettre, et dit en effet comme nous, que tout vient de Dieu ; mais il se réserve d’expliquer à sa façon comment il conçoit le mode de cette procession mystérieuse. C’est ce qu’on verra plus loin.

2o Les choses viennent de Dieu par voie de création.

On conçoit qu’une chose puisse sortir d’une autre en plusieurs sortes : d’abord par procession, la substance ne se divisant pas, ne se déchirant pas, mais se distinguant