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INTRODUCTION.

C’est également ce qu’affirment les historiens de la philosophie, quand ils recueillent et comparent toutes les données que le moyen âge fournit sur cette matière. Ainsi il y a beaucoup d’analogie entre les doctrines mystiques de saint Bernard et celles de Hugues de Saint-Victor. Saint Bernard fut mêlé à toutes les affaires de son siècle ; les papes et les rois reçurent ses conseils ; il combattit publiquement l’hérésie, prêcha et agit pour la réformation des mœurs, et souleva l’Europe entière contre la barbarie et l’impiété musulmanes. Hugues au contraire ne semblait pas fait pour ces luttes solennelles et ce zèle éclatant. On eût dit que la délicate fleur de sa piété redoutait les ardeurs d’une atmosphère mondaine, et ne pouvait supporter que l’ombre et la solitude du cloître. Du reste il pratiquait la vertu avec édification, et l’enseignait à ses religieux avec applaudissement. On le nommait la langue de saint Augustin, et saint Thomas le regardait comme son maître. Cette diversité de vie extérieure a dû se refléter dans les écrits des illustres moines, et effectivement l’abbé de Clairvaux donne aux questions qu’il traite des solutions plus pratiques que ne fait l’abbé de Saint-Victor. Mais à part cette différence qu’on aurait même pu s’attendre à trouver beaucoup plus grave, ils se rencontrent en ce qu’ils présentent la vertu comme le résultat de l’action et de l’amour, tandis que plusieurs de leurs contemporains fondaient la vie mystique, ceux-ci sur la science, ceux-là sur l’amour exclusivement. Or comme il est certain que Hugues étudia scrupuleusement saint Denys, dont il commenta les œuvres, on est fondé à croire que le même saint Denys exerça quelque influence sur le génie de saint

    tionem et incarnationem, vivendi ordinem, et Dei et animæ unionem. Primum respicit fidem, secuodum mores, tertium finera utriusque. Circà primum insudare debet studium doctorum, circà secundum studium prædicatorum, circà tertium studium contemplativorum. Primum maxime docet Augustinus, secundum maxime docet Gregorius, tertium vero docet Dionysius. S. Bonaventura, de Reductione artium ad Theol. Opusc., p. 2 ; Lyon, 1619. — Voyez aussi les historiens de la philosophie, de Gérando et Cousin, ubi suprà ; Saint-René-Taill., Scot Érigène et la Schotastique.