Bernard. Au reste cette induction sera justifiée encore, lorsque nous ferons voir l’identité fondamentale des doctrines de tous ces maîtres[1].
Contemporain de Hugues et de saint Bernard, Richard de Saint-Victor fut plus spécialement encore le disciple de notre Aréopagite. Le jeune Écossais était venu à Paris chercher la science ; la science le conduisit à la piété. Son esprit suivit constamment cette double direction ; il porta l’analyse psychologique dans la contemplation religieuse, soumit à des règles fixes non pas l’illumination mystique que Dieu fait descendre sur l’homme, mais le travail intellectuel par où l’homme s’élève vers la lumière et vers Dieu. Or, Richard qu’on peut regarder comme le législateur du mysticisme est peut-être celui de tous les théologiens mystiques qui a reproduit plus exactement la pensée même de saint Denys : c’est le jugement de saint Bonaventure[2], et ce sera le jugement de ceux qui voudront comparer la Théologie mystique de saint Denys avec les traités suivants de Richard : de Exterminatione mali, et promotione boni ; de Statu interioris hominis ; de Eruditione hominis interioris ; de Prœparatione animi ad contemplationem ; de Gratiâ contemplationis[3].
Un peu plus tard (vers 1240), l’Italie envoyait étudier en France Jean Fidenza, connu depuis dans l’Église et dans l’école sous le nom de Bonaventure. C’était une âme pleine de candeur et d’innocence, que n’atteignit jamais la contagion du siècle. Il devint un docteur illustre. Sa parole simple et brûlante sort de son cœur dont elle est la douce et fidèle image ; son âme liquéfiée en amour semble un séraphin qui parle la langue des hommes. La lumière de ses écrits est aussi puissante pour éclairer l’intelligence que pour émouvoir le sentiment. Il fut proclamé le plus grand maître de la vie spirituelle par Gerson, savant maître lui-même. Assurément saint Bonaventure, qui