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DE LA HIÉRARCHIE CÉLESTE.

chose qui pourrait sembler plus injurieux et moins exact encore : c’est que le Seigneur s’est nommé lui-même un ver de terre[1], comme l’enseignent nos maîtres dans la foi.

De la sorte tous ceux qui, pleins d’une divine sagesse, parlent le langage de l’inspiration sacrée, conservent aux choses saintes leur pureté originelle, au moyen de ces imparfaites et vulgaires indications ; et ils usent tellement de cet heureux symbolisme, que d’un côté, ni les profanes ne pénètrent le mystère, ni les hommes d’attention pieuse ne s’attachent rigoureusement à ces paroles purement figuratives ; et que d’autre part, les réalités célestes brillent à travers des formules négatives qui respectent la vérité, et des comparaisons dont la justesse se cache sous l’apparence d’un objet ignoble. Il n’est donc pas mal, pour les raisons qu’on a dites, de donner aux natures spirituelles des formes qui ne leur ressemblent que de si loin. Effectivement si la difficulté de comprendre nous a poussés à la recherche, et si une scrupuleuse investigation nous a portés jusqu’à la hauteur des choses divines, peut-être le devons-nous aux méprisables apparences imposées aux saints anges ; car ainsi notre esprit ne pouvant se faire à ces repoussantes images, était sollicité de se dépouiller de toute conception matérielle, et s’accoutumait avec bonheur à s’élever du symbole jusqu’à la pureté du type. Ceci soit dit pour justifier les Écritures d’avoir déguisé les natures célestes sous l’emblème obscur des êtres corporels.

Maintenant il faut définir ce que nous entendons par la hiérarchie, et quels avantages reviennent à

  1. Psalm., 21, 7.