Page:Darboy - Œuvres de saint Denys l’Aréopagite.djvu/223

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moins d’abondance, plus ou moins de clarté. Et effectivement, les autres nations d’où nous avons nous-mêmes élevé les yeux vers cet immense océan de lumière à la participation de laquelle tous sont libéralement conviés, les autres nations n’étaient point régies par je ne sais quels dieux étrangers, mais bien par l’unique principe de tout ; et l’ange gardien de chacune d’elles entraînait vers la vérité souveraine les hommes de bonne volonté. Et ici rappelez-vous en preuve Melchisédech, cet homme si aimé des cieux, zélé pontife, non pas d’imaginaires divinités, mais du Très-Haut, qui est seul réellement Dieu[1]. Or, les théologiens ne l’appellent pas seulement serviteur de l’Éternel, ils le nomment encore prêtre, pour montrer aux esprits clairvoyants que non-seulement il était resté fidèle à celui qui est, mais qu’il initiait aussi ses frères à la connaissance de la seule vraie divinité.

IV. Je veux rappeler encore à votre science sacerdotale que les soins providentiels et l’absolu pouvoir de Dieu furent manifestés en songe à Pharaon par l’ange des Égyptiens[2] et à Nabuchodonosor par l’ange de Babylone[3], et que Joseph et Daniel, serviteurs du vrai Dieu, et qui égalaient presque les anges en sainteté, furent préposés à ces peuples pour expliquer les visions figuratives dont la divinité leur avait à eux-mêmes appris le secret par le ministère des célestes esprits : car il n’y a qu’un seul principe de tout et une seule Providence. C’est pourquoi on ne doit pas s’imaginer qu’une sorte de hasard ait fait échoir à Dieu le gouvernement de la Judée, et qu’en dehors de son empire, les anges ses rivaux ou

  1. Gen., 14.
  2. Gen., 41.
  3. Dan., 2.