Page:Darboy - Œuvres de saint Denys l’Aréopagite.djvu/343

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
339
ARGUMENT.


créatures à cause de leur nécessaire incapacité, non à cause des limites de sa bonté : fin suprême que chaque être cherche à sa façon, et trouve, ou peut trouver dans les limites assignées à sa nature propre. Car si le mal entrevu par les êtres finis devient l’objet de leur ardente poursuite, ce n’est pas comme mal, c’est comme apparence de bien qu’il séduit : nulle chose, en effet, n’est totalement dépourvue de bien, et le mal est une privation d’être, non une existence positive.

Ainsi doivent s’expliquer et se comprendre tous les noms glorieux que l’Écriture donne à Dieu : la bonté, le plus grand de tous les titres, parce qu’il s’étend non-seulement à tout ce qui est, mais à tout ce qui peut être ; l’amour, fécondant le néant même ; la lumière, doux et exact symbole de celui qui est le soleil des esprits et qui a vêtu les étoiles de splendeur ; la beauté et l’amour, l’être, la vie, la puissance, la justice, le salut et la rédemption. Même les extrêmes se trouvent rapprochés et harmonieusement unis en Dieu, à qui l’Écriture attribue à la fois la grandeur et l’exiguïté, l’identité et la distinction, la similitude et la dissemblance, le repos et le mouvement. Enfin sa supériorité, son excellence transcendante est accusée par le nom de Dieu des dieux, de Roi des rois, de Seigneur des seigneurs.