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DES NOMS DIVINS.


Pourquoi me demandes-tu mon nom ? Il est admirable[1]. Et n’est-il pas réellement admirable ce nom sublime, qu’on ne peut prononcer, et qui est placé au-dessus de tous les noms soit du siècle présent, soit du siècle futur[2] ?

D’un autre côté la théologie applique à Dieu toutes les dénominations ; elle le représente disant de lui-même : Je suis celui qui suis[3] ; je suis la vie, la lumière, le Seigneur, la vérité. Elle le célèbre comme créateur ; et décrivant la multitude de ses œuvres, elle le nomme bon, beau, sage et bien-aimé ; elle le nomme Dieu des dieux, Seigneur des seigneurs, Saint des saints, l’Éternel, l’Être, et le Père des siècles ; elle le nomme auteur de la vie, sagesse, intelligence, Verbe. Il connaît, il possède tous les trésors de la science ; il est fort et puissant ; c’est le Roi des rois, et l’Ancien des jours ; il est sans vieillesse et sans vicissitude ; il est salut, justice, sanctification et rédemption ; il surpasse tout par sa grandeur ; il est porté par un vent léger. Il habite les cœurs, les esprits et les corps, le ciel et la terre ; constamment immuable, il est dans le monde, autour du monde, par delà le monde, par delà les cieux, par delà toute substance ; il est soleil, étoile, feu et eau, vent, rosée et nuage, pierre angulaire et rocher ; il est tout ce qui est, et n’est rien de ce qui est[4].

VII. C’est pourquoi il convient également de n’appliquer aucune dénomination et de les appliquer toutes au suprême auteur de tout ce qui existe : par là on confesse qu’il possède sur la création un empire absolu ; que toutes choses se rattachent à lui comme à leur centre, le reconnaissent pour leur cause, leur

  1. Judic., 13 , 17 et seqq.
  2. Ephes., 1, 21.
  3. Exod., 3, 14.
  4. Script., passim.