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CHAPITRE IV.
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sont par delà les mondes, et ceux qui gouvernent les mondes, et ceux que les mondes renferment ; qui renouvelle incessamment leur force intellectuelle, les embrasse en les enveloppant de son immensité, et les dépasse par son inaccessible élévation ; qui, enfin, éblouissant principe de toute splendeur, résume en soi, possède éminemment et avec antériorité toute puissance d’illumination, et rassemble et tient étroitement unies les intelligences pures et les âmes raisonnables. Car comme l’ignorance et l’erreur créent la division, ainsi la lumière spirituelle, en apparaissant, rappelle et ramasse en un tout compact les choses qu’elle atteint, les perfectionne, les tourne vers l’être réel, corrige leurs vaines opinions, ramène leurs vues multiples, ou plutôt leurs imaginations capricieuses en une connaissance unique, véritable, pure et simple, et les remplit d’une lumière qui est unité, et qui produit l’unité.

VII. Nos théologiens sacrés, en célébrant l’infiniment bon, disent encore qu’il est beau et la beauté même, qu’il est la dilection et le bien-aimé ; et ils lui donnent tous les autres noms qui peuvent convenir à la beauté pleine de charmes et mère des choses gracieuses. Or, le beau et la beauté se confondent dans cette cause qui résume tout en sa puissante unité, et se distinguent au contraire, chez le reste des êtres, en quelque chose qui reçoit, et en quelque chose qui est reçu. Voilà pourquoi dans le fini nous nommons beau ce qui participe à la beauté, et nous nommons beauté ce vestige imprimé sur la créature par le principe qui fait toutes choses belles, Mais l’infini est appelé beauté, parce que tous les êtres, chacun à sa manière, empruntent de lui leur beauté; parce qu’il crée en eux l’harmonie des pro-