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DES NOMS DIVINS.


l’unité les êtres disséminés dans l’univers. Et toutes choses sensibles aspirent vers lui, soit pour jouir de la vision, soit pour recevoir, de lui Je mouvement, la lumière et la chaleur, pour être conservées par son vivifiant éclat. Ce que je dis toutefois non pas selon l’opinion des anciens, qui regardaient le soleil comme le dieu, le créateur et la souveraine providence du monde physique, mais parce que depuis la production du monde, les créatures ont rendu visible et intelligible ce qu’il y a d’invisible en Dieu, même son éternelle puissance et sa divinité[1].

V. Mais ceci a été traité dans la Théologie symbolique. Il faut interpréter maintenant le nom de lumière appliqué au souverain bien. Or, la bonté est appelée lumière spirituelle, parce qu’elle remplit de sa splendeur intelligible tout esprit céleste ; parce qu’elle chasse l’ignorance et l’erreur des âmes où elles se réfugient, leur dispense à toutes la lumière sacrée, purifie leur entendement des ténèbres dont l’ignorance l’offusquait, et réveille et dessille leur œil intérieur appesanti et fermé par l’obscurité. Elle leur envoie d’abord un éclat modéré ; puis, quand elles l’ont savouré, pour ainsi dire, et qu’elles en sont éprises, elle le répand avec plus d’abondance, et enfin le verse à flots pressés, quand elles ont aimé beaucoup[2]. Ainsi elle les attire sans cesse de plus en plus, en raison toutefois de leur zèle à aspirer vers la lumière.

VI. Donc le bon, supérieur à toute lumière, est nommé lumière intelligible, parce qu’il est une source féconde et un large débordement de clarté, qui comble de sa plénitude tous les esprits, et ceux qui

  1. Rom., 1, 20.
  2. Luc, 15.