principe formels, est en dehors de la fin, des prévisions, des désirs, et ne subsiste réellement pas. Par suite il est une privation, une défectuosité, une faiblesse, un dérèglement, une erreur, une illusion ; il est sans beauté, sans vie, sans intelligence, sans raison, sans perfection, sans fixité, sans cause, sans manière d’être déterminée. Il est infécond, inerte, impuissant, désordonné, plein de contradiction, d’incertitude, de ténèbres, il n’a pas de substance et n’est absolument rien de ce qui existe. Comment donc le mal a-t-il quelque puissance ? par son mélange avec le bien ; car ce qui est entièrement dénué de bien, n’est rien, et ne peut rien. Effectivement, si le bien est chose réelle, spontanée, puissante et énergique, que peut opérer ce qui est opposé au bien, ce qui n’a ni être, ni volonté, ni force, ni action ? Au reste les choses mauvaises ne le sont pas constamment ni pour tous les êtres au même titre. Les démons trouvent leur mal en ce qu’ils cessent de se conformer à la bonté souveraine ; les âmes en ce qu’elles sont détournées de la droite raison ; les corps en ce qui blesse leur nature.
XXXIII. Mais comment y a-t-il du mal sous l’empire de la providence ? Le mal, en tant que mal, n’est pas une réalité, et ne subsiste dans aucun être. D’une part, tous les êtres sont l’objet des sollicitudes de la providence, et de l’autre, le mal n’existe pas sans mélange de quelque bien. Or, le mal est une déchéance du bien, et nul être ne saurait totalement déchoir du bien. Puis donc qu’il en va ainsi, la providence veille sur tous les êtres, et nul d’entre eux ne lui échappe. Même elle se sert avec amour des choses devenues mauvaises pour leur amélioration, ou pour l’utilité générale ou particulière des