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CHAPITRE V.


dans ses effets plus ou moins généraux, plus ou moins particuliers.

III. Mais on va me dire : L’être ayant plus d’extension que la vie, et la vie plus que la sagesse, comment se fait-il que les choses qui vivent l’emportent sur ce qui n’a que l’existence, les choses douées de sensibilité sur ce qui n’a que la vie, les choses raisonnables sur ce qui n’a que le sentiment, et les pures intelligences sur ce qui possède la raison, et qu’elles se trouvent ainsi plus élevées et plus proches de la divinité ? Car les êtres qui participent aux plus larges bienfaits de Dieu devraient, ce semble, avoir plus de noblesse et d’excellence que les autres. Oui, sans doute, si les substances spirituelles pouvaient être dépourvues de vie et d’existence ; mais si elles ont un être plus parfait que les autres êtres, une vie supérieure à celle des créatures vivantes, une force de comprendre et de connaître où n’atteint ni le sentiment, ni la raison ; si, plus que toute autre existence, elles aspirent et communient au bon et au beau ; alors, appelées à une participation plus complète du souverain bien, honorées de grâces plus nombreuses et plus riches, elles seront assurément plus voisines de la divinité. Également par le glorieux privilége de la raison, les êtres raisonnables surpassent ceux qui n’ont que le sentiment ; et ceux-ci, par la sensibilité, l’emportent sur les êtres qui n’ont que la vie ; et ces derniers, par la vie, sur ceux qui ont simplement l’existence. En un mot, on peut dire avec vérité que plus les créatures participent à l’unité, c’est-à-dire à Dieu qui abonde en richesses infinies, plus elles se rapprochent de lui, plus elles croissent en excellence.

IV. Ces principes établis, proclamons que le bon est l’être véritable, et que c’est lui qui donne l’être à