Page:Darboy - Œuvres de saint Denys l’Aréopagite.djvu/414

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
410
DES NOMS DIVINS.


toutes choses. Or, celui qui est, féconde et sur-essentielle cause de toute existence même possible, a créé l’être, la subsistance, la personne et la nature. Il est le principe et la mesure des siècles ; il a fait le temps et la durée des êtres ; il est le temps des choses qui passent, l’être des choses qui ont l’existence à quelque degré que ce soit, la production de tout ce qui est engendré. De l’être vient la durée, et la substance, et l’existence, et le temps, et la génération et ce qui en résulte, et tout ce que possèdent réellement les êtres, et tout ce qui est accidentel, et tout ce qui est substantiel. Car Dieu n’existe pas d’une manière bornée ; mais il est absolument et infiniment, possédant en lui-même et par anticipation la totale plénitude de l’être : aussi l’appelle-t-on le Roi des siècles, parce qu’en lui comme dans sa source réside et subsiste l’être de toutes choses, et parce qu’on ne saurait dire qu’il fut, qu’il sera, qu’il ait été produit, ou qu’il le soit, ou qu’il doive l’être. Même, pour mieux dire, il n’est pas ; mais tout ce qui est a son être en lui. Et non-seulement les choses elles-mêmes, mais encore leur essence intime procèdent de celui qui existe avant l’éternité : car il est le siècle des siècles et il précède tous les temps.

V. Ne craignons donc pas de répéter encore que toutes choses et toute durée tirent leur être de celui qui existe éternellement. Oui, l’éternité et le temps procèdent de lui ; et, principe sans commencement, il a créé les êtres quels qu’ils soient et la durée qui mesure leur existence. Tout participe de lui, et rien ne lui demeure étranger. Il est antérieur à tout, et tout subsiste en lui. En un mot, c’est en celui qui précède l’être que toute chose, quelle qu’elle soit, existe, se conçoit et se maintient. L’être apparaît comme la