Page:Darboy - Œuvres de saint Denys l’Aréopagite.djvu/425

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
421
CHAPITRE VII.


qu’égarement, si on la compare à l’immutabilité parfaite des éternelles pensées de Dieu ; ensuite parce que c’est l’usage des théologiens de recourir à la négation précisément pour affirmer l’excellence des attributs divins. Ainsi les Écritures appellent invisible l’éblouissante lumière de Dieu ; ineffable et sans nom celui auquel conviennent toutes louanges et tous noms ; incompréhensible et échappant à toute recherche celui qui est présent à tout, et que toutes créatures révèlent. C’est en ce sens qu’on doit entendre le saint Apôtre, lorsque, pour nous élever à la vérité qui ne peut s’exprimer, et qui surpasse toute sagesse, il loue comme folie divine ce qui semble contraire à la raison et absurde. Mais, comme j’ai dit ailleurs, si ramenant à notre taille ce qui est plus grand que nous, et invoquant une raison plongée dans le monde matériel, et comparant les choses divines aux choses humaines, nous ne voulons apprécier que par ce qui nous est connu l’éternelle sagesse qui nous est cachée, nous tombons dans l’illusion. Car il faut savoir que nous avons à la vérité une certaine faculté, par laquelle notre entendement voit les choses intelligibles ; mais qu’il y a aussi une union qui nous met en rapport avec ce qui nous dépasse, et où notre esprit n’atteint pas naturellement. Or c’est par ce dernier moyen qu’il faut considérer les choses divines, non pas en les abaissant jusqu’à nous, mais en sortant de nous-mêmes, pour nous donner tout entiers à Dieu ; car il vaut mieux être à lui qu’à nous. D’ailleurs ceux-là seuls participent aux grâces divines, qui appartiennent à Dieu. C’est pourquoi, à la louange de cette sagesse que son excellence rend irraisonnable, insensée et folle, nous publions qu’elle est la cause de toute intelligence et