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CHAPITRE VII.


d’angélique, autant du moins que l’âme peut s’élever à cette ressemblance. Ensuite, que la sensibilité elle-même soit un reflet de la sagesse divine, c’est ce qu’on peut affirmer avec justesse. Bien plus, chez les démons, l’intelligence, en tant qu’intelligence, procède de la sagesse suprême, mais en tant qu’intelligence pervertie, qui ne sait, ni ne veut atteindre l’objet d’un légitime désir, elle est plutôt une déchéance de la sagesse.

On dit donc avec raison que la sagesse divine est le principe, la cause productrice, le perfectionnement, la conservation et le terme de toute sagesse générale et particulière, et de toute intelligence, raison et sentiment : mais alors, comment Dieu qui s’élève par delà toute sagesse, est-il nommé sagesse, intelligence, raison et connaissance ? Comment peut-il y avoir pour lui quelque chose d’intelligible, puisqu’il n’a pas d’opérations intellectuelles ? Comment peut-il connaître les choses sensibles, puisqu’il est absolument en dehors du monde des sens ? Pourtant les Écritures enseignent qu’il sait tout, et que rien n’échappe à son œil vigilant. Or, comme je l’ai souvent répété, ce qui est divin, il faut l’entendre d’une manière divine. Car, si l’on nie qu’il y ait en Dieu intelligence et sensibilité, ce n’est pas que ces qualités lui manquent, c’est qu’il les possède sous une forme plus éminente. Ainsi nous proclamons irraisonnable celui qui dépasse toute raison ; nous attribuons l’imperfection à celui dont la perfection est supérieure et préexistante à toute autre ; nous nommons obscurité qu’on ne saurait ni atteindre, ni voir, l’océan de la lumière inaccessible, précisément parce qu’elle dépasse excellemment toute lumière visible. L’entendement divin pénètre donc toutes choses par une vue trans-