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DES NOMS DIVINS.


identité, par leur commune réunion et assemblage. Et toutefois elle demeure indivisible, et sa simplicité est l’exemplaire où toutes choses se voient, et elle pénètre tout, sans sortir jamais de sa constante immutabilité. Car elle s’étend et se communique à tous les êtres, en la façon qui leur convient, et sa fécondité paisible déborde en flots surabondants, et sa puissante unité se concentre toute en elle-même, et subsiste pleinement inaltérable.

III. Mais, dira-t-on, est-il vrai que toutes choses aspirent à la paix ? Car il y en a plusieurs qui se plaisent dans la distinction et la diversité, et s’appliquent sans cesse à fuir le repos. Or, si en faisant cette objection, l’on veut entendre par distinction et diversité les propriétés des différents êtres, et exprimer que nul d’entre eux ne veut déchoir de sa nature, assurément nous n’irons pas rejeter une telle explication, mais nous remarquerons que cette tendance même est un désir de la paix. Car toutes choses ne demandent qu’à être en paix et en union avec elles-mêmes, et à conserver immuables et intacts leur essence et ce qui en dérive. Et chaque substance est maintenue dans l’intégrité de sa nature propre par la douce influence de cette paix parfaite qui gouverne l’univers ; qui prévient la confusion et l’hostilité, et protége les êtres soit contre eux-mêmes, soit contre les autres ; et qui les confirme dans la ferme et invincible puissance de garder leur paix et leur stabilité.

IV. Que si les choses mobiles, au lieu d’entrer en repos, cherchent à perpétuer leur mouvement naturel, cet effort même est un désir de la paix que Dieu a faite parmi la création, et qui empêche que les êtres ne viennent à déchoir d’eux-mêmes ; qui conserve