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CHAPITRE X.


constantes et inaltérables en tous les êtres doués du mouvement l’aptitude qui le reçoit et la vie qui le transmet ; et qui leur donne d’être en paix avec eux-mêmes, de rester invariables et d’accomplir leurs fonctions propres.

V. Si au contraire on prend cette diversité pour une déchéance de la paix, et si l’on veut conclure que toutes choses n’ambitionnent pas la paix, nous répondrons qu’il n’y a rien absolument dans l’univers en quoi ne se trouve une certaine union ; car ce qui n’est ni stable, ni défini, ce qui n’a ni fixité, ni destination propre, n’existe réellement pas. Si l’on ajoute que la paix et ses doux charmes ont pour ennemis les hommes qui se plaisent dans les querelles et les emportements, dans les variations et les caprices, nous dirons qu’alors même ils suivent une impulsion qui ressemble au désir de la paix, et qu’agités en tous sens par des passions diverses, ils aspirent à les apaiser follement : car imaginant que la paix se rencontre en la pleine jouissance des biens passagers, ils se troublent de ne pouvoir conquérir les voluptés dont ils sont épris.

Mais que ne devrait-on pas dire de cette paix qui nous fut donnée en la charité de Jésus-Christ ? Car c’est par là que nous avons appris à n’être plus en guerre avec nous-mêmes, avec nos frères, avec les saints anges ; c’est par là au contraire qu’en leur société, et selon la mesure de nos forces, nous produisons des œuvres divines, sous l’impulsion de Jésus qui opère tout en tous, et crée en nous une paix ineffable, prédestinée de toute éternité, et nous réconcilie avec lui dans l’Esprit et en lui-même et par lui avec le Père. Au reste, nous avons suffisamment traité de ces dons admirables dans nos Institutions théolo-