Page:Darboy - Œuvres de saint Denys l’Aréopagite.djvu/46

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
XLII
INTRODUCTION.


dire qu’il n’y eut pas de moines du temps de saint Basile, ancien moine lui-même et précepteur de moines.

On a également tort de prétendre que la coupe des cheveux et la forme exceptionnelle de l’habit monacal désignaient les moines aux fureurs de la persécution, et que la légitime appréhension de ce danger devait empêcher l’introduction de ces pratiques. C’est là créer des fantômes pour se donner le plaisir de les combattre. Rien absolument de ce qu’affirme saint Denys ne force à croire que l’habit donné aux moines dans la cérémonie de leur consécration eût une forme inusitée, étrange, ni qu’ils le dussent porter en public et hors des cérémonies religieuses. Or, il faudrait que ces deux choses fussent démontrées pour qu’il existât une difficulté réelle. Saint Denys ne parle pas non plus de la tonsure telle qu’on l’a portée quand l’Église eut acquis une existence légalement reconnue ; ce qu’il dit signifie simplement que le chrétien déposait le luxe de sa chevelure mondaine, et la réduisait aux proportions modestes que semble avoir conseillées saint Paul[1]. C’était là, du reste, un usage ancien parmi quelques serviteurs de Dieu[2], et plein de hautes instructions[3].

Ainsi, les assertions de saint Denys sont expresses ; elles se trouvent confirmées d’ailleurs par des faits ou positivement avérés ou facilement croyables. Les textes ambigus qu’on invoque contre nous peuvent recevoir une interprétation plausible, qui appuie notre opinion, ou du moins ne la ruine pas. Il résulte de là que les écrits attribués à notre Aréopagite ont un troisième caractère intrinsèque d’authenticité.

4o  En accusant de faux l’auteur de ces livres, ils deviennent totalement inexplicables, et la parole d’un homme en aucune circonstance possible ne sera une garantie de vérité.

  1. I Cor., 11, 4.
  2. Numer., 6, 14.
  3. Dionys., de Eccles. hier., cap. 6. — Hieron., Epist. 48, ad Salvia… — Isidor. Hispal., de Divin. officiis.