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LETTRE IX.

n’aient été créés que pour eux-mêmes ; ils sont, au contraire, destinés à déguiser la science mystérieuse que tous ne peuvent avoir, les choses sacrées échappant à l’appréhension des profanes intelligences. Le voile n’est levé que pour les vrais amis de la sainteté, qui sont bien loin d’interpréter d’une façon puérile ces pieux symboles, et qui, par leur pureté d’esprit et la puissance de leur faculté contemplative, sont aptes à pénétrer le vrai dans sa simplicité intime et dans sa surnaturelle profondeur qui dépasse si excellemment de grossières images.

Au reste, il faut observer que les théologiens ont une double doctrine : l’une secrète et mystique, l’autre évidente et plus connue ; l’une symbolique et sacramentelle, l’autre philosophique et démonstrative. Mais toujours le mystère, qui est inénarrable, se trouve impliqué dans le symbole décrit : le symbole démontre et persuade la vérité des affirmations ; le mystère agit efficacement et opère l’union avec la divinité par une sorte de discipline qui s’apprend sans maître. Aussi voyons-nous, par les cérémonies qui s’accomplissent dans les mystères augustes, que nos premiers chefs dans la doctrine sacrée, maintenant et sous la loi, ont fait usage de ce religieux symbolisme ; les anges nous transmettent les divins secrets sous le voile de mystiques emblèmes ; le Seigneur lui-même a parlé du ciel en parabole et nous a donné son sacrement déifique sous la figure d’un banquet. Car il était bon non-seulement que les choses saintes fussent assurées contre l’indiscrétion des profanes, mais aussi que la vie humaine, où se mêlent ensemble le simple et le multiple, reçût la lumière des connaissances divines, sous des conditions analogues à sa nature complexe. À cette portion de l’âme que les passions