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LVI
INTRODUCTION.


quini-sexte (an 692), il déclara ne pas reconnaître multiplicité, mais unité d’opération, s’appuyant du texte de saint Denys, qu’il interprétait, à la vérité, d’une manière fautive[1].

Comme on le voit, tous les grands siéges de la catholicité, Rome, par la bouche de ses pontifes ; Alexandrie, Antioche, Jérusalem, Constantinople, par leurs patriarches ; l’Église, dans plusieurs conciles, affirment tenir pour authentiques les œuvres connues sous le nom de saint Denys l’Aréopagite. Pour donner à cette grave unanimité toute son importance, il faut se rappeler que, dans la controverse qui se débattait entre les catholiques et les monothélites, saint Denys était invoqué par les uns et par les autres, chacun essayant de l’interpréter en son sens. Or il importait du moins à une moitié des combattants de prétexter que les écrits allégués étaient apocryphes ; car ainsi le terrain de la discussion se débarrassait d’une partie de son bagage d’érudition et de philologie ; on avait des difficultés de moins à vaincre, et l’on enlevait à l’ennemi une arme de plus. Cependant personne ne songe à cet expédient ; si quelqu’un y songe, personne ne croit pouvoir s’en servir. On craignait donc de succomber sous l’absurdité d’une pareille ruse de guerre. L’authenticité des œuvres de saint Denys était donc une opinion générale, si parfaitement inattaquable, qu’il semblait plus facile de tordre le sens que de prouver la supposition des textes.

Le huitième siècle ne nous présente non plus aucun contradicteur, et nous y rencontrons d’illustres témoins de la vérité de notre sentiment. Saint Jean Damascène, la lumière de l’Orient, à cette époque, lecteur assidu et admirateur de notre écrivain, le cite souvent, et le nomme toujours Denys l’Aréopagite. « Les saints oracles, dit-il, nous enseignent, comme témoigne saint Denis d’Athènes, que Dieu est la cause et le principe de tout, l’essence de ce qui est, la vie de ce qui vit, etc. » Et plus

  1. Cf. concil. Lateran et C. P. quini-sextum.