Page:Darboy - Œuvres de saint Denys l’Aréopagite.djvu/64

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LX
INTRODUCTION.

Hincmar de Reims écrit, touchant le même sujet, à Charles-le-Chauve, et cite en preuve de l’authenticité de ces livres, l’attestation des Grecs envoyés par Michel, empereur de Constantinople, le témoignage précis de l’Église romaine, que nous allons rapporter aussi, et le sentiment de la France, et en particulier d’Hilduin son maître.

Ce témoignage de l’Église romaine avait été directement transmis au roi lui-même par le bibliothécaire Anastase ; c’était à l’occasion de la traduction latine des œuvres de saint Denys, par Scot Érigène. Anastase félicite le prince de son amour pour la philosophie, et Érigène, de l’exactitude de sa version. Il rappelle que les pontifes du Siége apostolique, les septième et huitième conciles généraux, les docteurs grecs et latins, non-seulement pensent que saint Denys écrivit ces livres, mais encore citent fréquemment ses paroles, pour corroborer par cette autorité imposante leurs sentiments et leurs maximes propres, et les faire goûter et accepter aux autres hommes[1].

Enfin, aux noms précédemment indiqués des pontifes romains, s’ajoute encore celui de Nicolas Ier, qui, dans une lettre à l’empereur Michel, s’appuie de l’autorité de l’ancien Père et vénérable docteur Denys l’Aréopagite. Il rappelle cette épître à Démophile, où il est dit qu’un prêtre transfuge de son devoir ne peut être jugé par ses subordonnés et ses inférieurs, parce qu’autrement il y aurait désordre dans les rangs de la hiérarchie, et que la pacifique harmonie de l’Église serait troublée[2].

Notre opinion est représentée au dixième siècle par

  1. Anast. biblioth., apud Vindic. Areopag. Martin. Delri.
  2. Sed si adhuc placet aliquid de hoc nosse (quod non possint subjecti de prælati sui vitâ judicare), antiqui patris et venerabilis doctoris Areopagitæ Dionysii, ad Demophilum verba vobis recitari præcipite ; qui etiam in causâ pietatis nefas sancit delinquentem sacerdotem a minoribus, vel inferioribus judicari, ne fiat in Ecclesiâ Dei aliquid inordinatum, et status ejus in aliquo confundatur. Nicol. papa I, ad Michael., epistol. 8 apud Labb. et Goss., t. VIII, p. 306.