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LXXXI
INTRODUCTION.

pays, surtout nous espérons de la grâce de Dieu, qu’il sera bientôt permis à quelques-uns d’entre nous de reprendre les habitudes exclusivement studieuses de nos aînés.

Alors on verra des savants, penchés toute leur vie sur quelque tombe outragée, faire amende honorable pour les délits de la critique moderne. Ils restitueront aux hommes méconnus leur véritable physionomie et leurs titres de gloire ; ils essaieront avec succès de venger la législation, l’esprit et les actes d’époques méprisées et de siècles décrédités. Car tout n’est pas encore dit sur les assertions passionnées et gravement partiales des Fleury, des Baillet, des Tillemont, des Dupin et des Launoy : on serait étonné de la longue liste des causes indignement jugées et des procès à réviser, que la justice de l’avenir appréciera mieux sans doute.

En résumé, la critique des derniers siècles, en ce qui concerne l’histoire ecclésiastique, a été notablement faussée : c’est un fait général que personne ne saurait nier désormais. Or, je pense que saint Denys fut enveloppé dans la disgrâce injuste qui atteignit plusieurs réputations jusque là respectées. On est en voie de rectifier une foule d’assertions, pour le moins téméraires, d’après lesquelles nous avions l’habitude de juger le passé ; mais tous n’ont pas encore déposé des opinions trop crédulement reçues. On peut voir par ces explications pourquoi les livres de saint Denys furent traités comme apocryphes ; pourquoi cette idée est peut-être encore aujourd’hui celle de plusieurs ; pourquoi enfin j’émets mon sentiment avec quelque timidité. J’espère cependant que l’opinion publique changera un jour sur ce point, si elle daigne l’examiner ; et il me serait doux de trouver un augure de cette conversion dans l’assentiment du lecteur.