Page:Dard - La chaumière africaine, 1824.pdf/131

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
122
LA CHAUMIÈRE

nement. Mon père se rappelant un jeune orfèvre qu’il avait jadis employé au Sénégal, reconnut le Maure Amet et lui serra la main. Après que ce bon Maure eut appris notre naufrage, et à quelle extrémité notre malheureuse famille était réduite, il ne put retenir ses larmes. Ce fut peut-être la première fois, que l’on vit un Musulman répandre des pleurs sur les infortunes d’une famille chrétienne. Le Maure Amet ne se borna pas à déplorer nos malheurs : il voulut nous prouver qu’il était humain et généreux ; aussitôt une grande quantité d’eau et de lait nous fut distribuée gratis. Il construisit aussi pour notre famille, une grande tente avec des peaux de chameaux, de bœufs et de moutons, parce que sa religion ne lui permettait pas de loger des chrétiens dans la sienne. Le temps paraissait très-sombre, et l’obscurité qu’il faisait nous donnait de l’inquiétude. Amet