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LA CHAUMIÈRE

à élever ses jeunes enfans que la cruelle mort a privés de leur mère ? Ah ! oui je le sens trop, ma vie est encore nécessaire… Occupée de ces tristes réflexions, je tombai dans une mélancolie qu’il me serait difficile d’exprimer. Le lendemain, dès le point du jour, le trouble de mes pensées me conduisit sur les bords du fleuve, où, le soir précédent, j’avais vu disparaître le canot qui emmenait mon père et mes jeunes frères : là j’attachai mes yeux humides sur la plaine des eaux, sans rien y appercevoir qu’une immensité affreuse ; puis, revenue de mon trouble, je fixai la campagne voisine, comme pour saluer les fleurs et les plantes que l’aurore commençait à dorer. Elles étaient mes amies, mes compagnes ; elles seules pouvaient encore donner quelques adoucissemens à ma douleur, et rendre mon ennui supportable. Enfin l’astre du jour