Page:Dard - La chaumière africaine, 1824.pdf/72

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
63
AFRICAINE.

menacés du plus grand péril, demandent des secours aux cris de vive le Roi ; leurs chefs leur répondent par les mêmes cris de vive le Roi ; cependant aucun d’eux n’est assez généreux ni assez français pour aller rejoindre les malheureux qui imploraient leurs secours. Après un silence de quelques minutes, des cris épouvantables se firent entendre ; l’air retentit des gémissemens, des plaintes, des imprécations des malheureux qu’on abandonnait ; et l’écho de la mer répéta plusieurs fois : Hélas ! Cruels vous nous abandonnez !!! Déjà le Radeau paraissait enseveli sous les ondes, et ces infortunés passagers étaient à demi-submergés. La fatale machine était entraînée par les courans, bien loin derrière les débris de la Frégate. Point de câble, point d’ancre, point de mât, point de voile, point de rames, en un mot, pas le moindre moyen de pouvoir se sauver. Chaque lame qui s’engageait dans les bois