Page:Darien, Bas les coeurs, Albert Savine éditeur, 1889.djvu/138

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son fez rouge, ses grands yeux brillant du feu de la fièvre et ses dents blanches, serrées par la souffrance et la colère, qui éclatent dans le noir du visage dont la peau est collée aux os. Il refuse de se lever, paraît-il ; il a fait comprendre qu’il meurt de faim et de fatigue, qu’il a demandé du pain et qu’on l’a maltraité. Il veut mourir là. La foule regarde.

M. Legros s’approche.

― Allons, mon ami, vous ne pouvez pas rester là. Allez à la mairie…

Le turco secoue la tête. Il ne veut pas se lever. Alors, M. Legros montre son sabre et les galons de sa manche.

― Je suis officier, vous voyez. Je vous ordonne de vous lever, de ne plus causer de scandale et d’aller à la mairie.

Le turco secoue encore la tête.

― Moi, plus connaître officiers… officiers trahi…

M. Legros n’y tient plus.

― Comment ! malheureux, vous avez l’honneur de porter l’uniforme français…

Mais il n’achève pas ; le turco se dresse à demi et s’écrie d’une voix terrible :