Page:Darien, Bas les coeurs, Albert Savine éditeur, 1889.djvu/149

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en sapin, qu’on m’avait donnée dans le temps pour mes étrennes : ils avaient un feuillage en copeaux et, au pied, en guise de racines, une petite rondelle de bois ; ils n’étaient pas aussi vilains que ceux-là et ils sentaient bon la colle et la peinture, au moins.

Je prends le pas de course lorsque je traverse ce parterre ; et je ne me retourne pas, même lorsque je suis arrivé au bout. Je sais que, si je me retournais, j’aurais devant moi le grand squelette du château, avec ses hautes fenêtres à petits carreaux qui font l’effet d’énormes pièces de canevas dépiautées, où manquent la laine de la tapisserie, la vie des couleurs. Je vais, tristement, le long des charmilles qui montrent la trame des treillages. À travers les trous, j’aperçois de l’herbe qu’on n’a pas passée à la tondeuse, des mousses à l’alignement incorrect, des pâquerettes, des violettes, des coucous, des boutons d’or, qui poussent là tranquillement, sans règle, à la bonne franquette, comme si ce n’était pas défendu. Ça doit être défendu, pourtant. Ah ! si Le Nôtre vivait encore !…


L’autre jour, en rentrant pour le dîner, j’ai