Page:Darien, Bas les coeurs, Albert Savine éditeur, 1889.djvu/161

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XI


Quelqu’un qui paraît bien étonné en pénétrant chez nous ce matin, c’est M. Legros. Il trouve mon père en train d’enterrer, dans une grande fosse qu’il a creusée tout au fond du jardin, une multitude d’objets : de petites caisses en bois, en fer, un panier en osier, une malle. J’aide mon père dans ce travail et mon grand-père Toussaint, qui a quitté Moussy hier pour venir habiter chez nous, enveloppe dans des chiffons huilés et des lambeaux de toile le revolver et le fusil de chasse paternels. Deux vieux sabres de cavalerie et un fusil à pierre qui ornaient ma chambre gisent à côté de lui.

― Comment ! s’écrie l’épicier d’une voix absolument consternée, comment ! Barbier, vous enfouissez vos armes dans le sol !

― Ma foi, fait mon père embarrassé, je… c’est-à-dire… c’est à cause des enfants, vous comprenez… un malheur est si vite arrivé…