Page:Darien, Bas les coeurs, Albert Savine éditeur, 1889.djvu/162

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― Et l’ennemi qui est à nos portes ! gémit le marchand de tabac.

― Oh ! soyez tranquille ! si la ville songe à se défendre…

― Douteriez-vous du patriotisme de la garde nationale ? demande M. Legros indigné. Vous en faites partie, pourtant, bien que vous vous dispensiez plus souvent que de raison d’assister aux manœuvres.

― Et ! je le sais parbleu ! bien que j’en fais partie, puisque j’ai là, dans le placard du vestibule, mon fusil de munition et mon fourniment complet.

― À la bonne heure ! je vois que vous ne suspectez pas l’énergie du corps d’officiers… Moi, aussi, il y a quelque temps, j’ai cru qu’il ne serait guère possible de résister ; mais aujourd’hui, pour peu que chacun fasse son devoir…

― Vous savez bien que nous avons juré de le faire… Entortillez bien le revolver, père Toussaint, le mécanisme craint l’humidité… Alors, Legros, vous disiez qu’aujourd’hui ?…

― Aujourd’hui, les Prussiens trouveront à qui parler. Du reste, nous ne les attendons guère avant trois ou quatre jours. Toutes nos précau-