Page:Darien, Bas les coeurs, Albert Savine éditeur, 1889.djvu/170

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des parlementaires… Nous les avons laissés entrer, car on a beau être ferme… patriote… il faut être sensé, réfléchir… se rendre compte, en un mot… Trois mille hommes ne peuvent pas lutter contre une armée… On a signé à midi une capitulation honorable… très honorable… je n’en ai pas vu le texte encore, mais elle est très honorable… Tout ce que je sais, c’est que la garde nationale doit être désarmée… oui… et puis, on doit combler les tranchées et enlever les abatis qui barrent les routes… C’est naturel, après tout, puisque les Prussiens arrivent ici à deux heures et qu’on a signé une capitulation… honorable… Est-ce que j’avais pensé à vous dire que les Prussiens arrivent à Versailles à deux heures ? Ils arrivent à deux heures… Ah ! si la ville avait eu des fortifications !… Ah ! diable : une heure ! Je m’en vais… Il ne fera peut-être pas bon dans les rues, bientôt… Au revoir.

Le marchand de tabac s’en va. Sa dernière phrase me donne à réfléchir : il ne fera pas bon dans les rues. Sapristi ! et moi qui ai tant envie d’aller faire un tour… du côté où vont arriver les Allemands. Si je parle de mon envie à mon père, il ne me laissera pas sortir, c’est