Page:Darien, Bas les coeurs, Albert Savine éditeur, 1889.djvu/171

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clair. Alors, il faudrait m’éclipser à la muette ou me résigner à manquer l’entrée des troupes prussiennes. Manquer un spectacle pareil, ce serait bien embêtant… Je m’éclipserai…


Je m’éclipse. J’ouvre la porte tout doucement, je la referme en faisant encore moins de bruit et je suis dans la rue. Personne ne s’en doute. Je prends ma course vers le boulevard du Roi.

Pas grand monde, boulevard du Roi. Toutes les fenêtres fermées, toutes les portes closes. Je le remonte presque jusqu’à la grille ; le poste des gardes nationaux est désert. Deux douaniers seulement montent la faction, les yeux tournés du côté de la campagne. J’attends ― en tremblant. Pourvu que personne ne vienne me déranger, ne s’aperçoive de ma présence et ne me force à déguerpir ! Je tremble de plus en plus ― mais c’est rudement bon de trembler comme ça.

J’ai envie d’aller demander aux douaniers s’ils pensent qu’il y en aura encore pour longtemps, mais je n’ose pas…

Tout d’un coup, j’entends la musique. Ce sont eux ! Je m’accroche à un bec de gaz et je