Page:Darien, Bas les coeurs, Albert Savine éditeur, 1889.djvu/172

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me penche en avant pour mieux voir… mais rien, rien que le bruit des tambours et de la musique, qui se rapproche rapidement. Le cœur me bat à craquer, la respiration me manque…


― Les voilà !

Ce sont les douaniers qui ont crié ça, et ils prennent leur course vers la ville. Ils me frôlent en passant et leur terreur me gagne. Je les suis. Mais, en courant, j’aperçois, de l’autre côté du boulevard, cinq ou six curieux qui se sont arrêtés et qui se dissimulent derrière les arbres. Tiens ! s’ils restent, pourquoi ne resterais-je pas ? Je me cache derrière un arbre, moi aussi, et je regarde en écarquillant les yeux.

Là-bas, sur la route, à cinquante pas de la barrière, une douzaine de cavaliers, pareils à ceux que j’ai vus ce matin. Ils s’avancent au pas et s’arrêtent un instant devant le poste de la douane. Ils entrent dans la ville, sur deux rangs, longeant le bord des trottoirs.

― Les uhlans ! dit une voix à côté de moi.

Ah ! ce sont des uhlans ! Ils approchent, la lance au bras, le pistolet au poing. Ils passent devant moi et je sens que je vais tomber, je sens que mes ongles s’enfoncent dans l’écorce