Page:Darien, Bas les coeurs, Albert Savine éditeur, 1889.djvu/175

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les rues au moment de la déclaration de guerre et que j’ai chanté, moi aussi, lorsque nous croyions à la victoire, lorsque nous voulions planter d’avance des drapeaux tricolores sur la route de Berlin…

Le drapeau tricolore ! ah ! nous ne le reverrons pas de longtemps, peut-être ; et il nous faudra regarder flotter les étendards noirs et blancs, pareils à celui que porte un officier décoré d’une croix en fer, au milieu du dernier régiment d’infanterie.

C’est l’artillerie qui s’avance, maintenant, avec ses canons noirs couchés sur les affûts peints en bleu, avec ses servants à pied et à cheval coiffés de casques surmontés d’une boule en cuivre. Il y a des fleurs à la gueule des pièces et les caissons et les prolonges sont enguirlandés de lierre et de feuillage…

La cavalerie succède à l’artillerie : des dragons, des cuirassiers, des hussards de la mort, avec des brandebourgs blancs et une tête de mort au bonnet. Puis, viennent des voitures, des caissons, des voitures à échelles…

Tout d’un coup, le cœur me bat : il me semble, entre les roues des derniers caissons, avoir aperçu des pantalons rouges. Oui, ce sont bien