Page:Darien, Bas les coeurs, Albert Savine éditeur, 1889.djvu/218

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s’écartent. Le tambour vient de battre et les soldats, rapidement, se rangent sur la place.

Ils vont faire une battue dans le bois, dit un paysan. Gare aux francs-tireurs, s’ils en trouvent.

― Ma foi, ça sera pain bénit, dit un autre, si ces brigands de Parisiens se font arranger comme il faut. Des canailles comme ça ! Si les Prussiens avaient besoin de quelqu’un pour les aider, je leur donnerais bien volontiers un coup de main.

Tout le monde l’approuve. Le commandant se met à la tête des Allemands qui partent dans la direction du bois.

Ils ne sont pas encore revenus, à quatre heures du soir, lorsque je vais faire une visite à la tante Moreau. Mais j’ai à peine mis les pieds au Pavillon que des coups de feu éclatent au loin, dans le bois.

― Ah ! mon pauvre enfant, me dit ma tante en pleurant, quelle chose affreuse que la guerre !

Elle a l’air bien affaiblie, bien abattue, la tante Moreau. La vue de sa figure amaigrie, de ses mains décharnées, me produit un lugubre effet. Elle s’en aperçoit.