Page:Darien, Bas les coeurs, Albert Savine éditeur, 1889.djvu/229

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pouvoirs, est chargé des communications avec l’autorité centrale, du service de la poste, de la perception des contributions, etc. Les relations des Allemands avec les habitants ont été régularisées et les maires ont été invités à verser, tous les mois, à la caisse de la préfecture, un douzième de l’impôt foncier fixé pour l’année 1870.

On voit tout de suite que le préfet prussien connaît son affaire. Pourtant, il ne paye pas de mine. Je l’ai vu plusieurs fois : il ressemble à Don Quichotte ― un Don Quichotte qui aurait une barbe en forme de cerf-volant, couleur de jus de réglisse.

J’ai vu aussi le prince royal de Saxe et le prince royal de Prusse ― notre Fritz. ― On ne dirait jamais un prince royal ; il se promène dans les rues, à pied, sans escorte, habillé très simplement ; il a l’air d’un excellent homme. J’ai vu Moltke, aussi. C’est un vieillard aux yeux terribles : des yeux d’une énergie froide et sinistre, brillants et durs comme l’acier, qui éclatent dans la pâleur de son masque austère. Bismarck se promène seul, souvent, monté sur un grand cheval, dans les allées du parc ; et c’est un spectacle étrange,