Page:Darien, Bas les coeurs, Albert Savine éditeur, 1889.djvu/230

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mais empoignant, que celui de ce colosse à la face hargneuse et tourmentée, chevauchant tranquillement sur les gazons des tapis verts, vêtu d’habits civils, mais coiffé d’une large casquette blanche à lisérés jaunes ― la casquette des cuirassiers blancs.

Le 5 octobre, j’ai assisté à l’entrée du roi de Prusse. Au moment où sa calèche allait pénétrer dans la cour de la préfecture, où il doit habiter, il s’est levé tout droit dans la voiture et a salué la foule qui l’acclamait. Les soldats allemands ont poussé des hurrahs et des Versaillais, massés en grand nombre sous les arbres de l’avenue de Paris, ont crié : « Vive le Roi ! » Parmi les manifestants, j’ai reconnu M. Zabulon Hoffner.

En rentrant, j’ai raconté la chose à mon père.

― Eh bien ? Et puis, après ? Tu n’es qu’une petite bête. M. Hoffner sait ce qu’il fait. Crois-tu pas qu’il eût été bien habile d’aller crier : « À bas Guillaume ! » C’est déjà très beau de la part d’un étranger comme lui, d’un Luxembourgeois, de servir nos intérêts comme il l’a fait jusqu’ici. Il nous a rendu déjà bien des services et donné bien des renseignements.