Page:Darien, Bas les coeurs, Albert Savine éditeur, 1889.djvu/259

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XVIII


― Mon enfant, on veut me faire mourir !

Je n’oublierai jamais ce cri que pousse ma tante, lorsque je pénètre dans le salon du Pavillon où l’on a roulé son fauteuil, devant la cheminée.

― On veut me faire mourir ! On veut me tuer ! Je suis entourée d’assassins ! Jean, viens ici, mon petit Jean, tout près de moi, là…

J’approche, très ému. Ma tante me fait peur. Elle a l’air d’un spectre. C’est malgré moi que je lui tends mon visage et je frémis quand, de ses lèvres froides, elle pose un baiser sur ma joue. Elle tient mes deux mains dans les siennes ― des mains de glace ― et je sens ses ongles m’entrer dans la chair pendant qu’elle creuse mes yeux de ses prunelles froides où brille un point blanc, terrible.

Une idée m’empoigne ; ma tante est folle !