Je prends tout doucement le chemin de la maison. Je sais ce qui m’attend : un bon savon pour avoir causé avec les ouvriers. C’est l’affaire d’un quart d’heure. Mon père y met le temps.
― Jean, tu es un petit malheureux !
Quel drôle de début ! Mon père éprouve-t-il le besoin de changer la forme de ses prologues ?
― Tu m’as menti !
Mon père me crie ça d’une voix furieuse. Il n’est pas question des ouvriers. Qu’y a-t-il ?
― Tu m’as menti ! Tu as menti à ta sœur ! Tu as menti à tout le monde !
― Mais, papa… mais, papa…
― Viens ici, et tâche de dire la vérité, cette fois. Lorsque tu es arrivé chez ta tante, au Pavillon, l’autre jour, que s’est-il passé ?
― Mais, rien, papa.
― Sacré nom d’un chien ! si tu continues à mentir, tu auras affaire à moi !… Que s’est-il passé ? que t’a dit ta tante, pendant le temps que tu es resté seul avec elle, en arrivant ? Car tu es resté seul avec elle, j’en suis sûr ;