Page:Darien, Bas les coeurs, Albert Savine éditeur, 1889.djvu/29

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mais on n’en trouve pas à sa taille. Elle est plate comme une limande et ça lui est à peu près égal. Quand on la taquine là-dessus, elle se borne à fournir une explication très simple : elle a monté en graine tout d’un coup ― comme les asperges ― et ce qu’elle a gagné en hauteur, elle l’a perdu en largeur. Elle ressemble à un gendarme : un gendarme qui aurait un gros nez rouge, qui mangerait de la bouillie avec son sabre et qui aurait, en guise de moustaches, un gros poireau poilu de chaque côté du menton.

Les poireaux, voilà le malheur de Catherine. Elle en a trois à la figure et trois douzaines sur les mains. Elle affirme n’en pas avoir autre part.

― Pas un seul ! s’écrie-t-elle en roulant de gros yeux. J’en fournirai les preuves à qui voudra.

Personne ne lui en a jamais demandé.

Elle a essayé de différents remèdes qui devaient faire disparaître en un clin-d’œil ses végétations importunes. Ils ont échoué. Quelqu’un, il y a six mois, lui en a indiqué un nouveau : les artichauts sauvages. Depuis ce temps-là, elle en cherche ; elle leur fait la chasse