Page:Darien, Bas les coeurs, Albert Savine éditeur, 1889.djvu/314

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faire prochainement leur entrée triomphale à Paris.

Ils partent pour ce triomphe, en effet, le 2 mars, musique en tête, tout fiers d’effacer ainsi la honte de l’entrée de Napoléon à Berlin, après Iéna.

― Maintenant, dit le père Merlin, la France n’a plus qu’une chose à faire : c’est de chercher un nouveau Napoléon. Et tu verras qu’elle ne mettra pas longtemps pour le trouver… Il n’a pas besoin d’être en vrai. Il peut être en toc. Ça ne fait rien.


Le 5 mars, nous voyons entrer chez nous Mme Arnal appuyée au bras de son mari. M. Arnal a obtenu, lui aussi, un sauf-conduit qui lui permet de passer quarante-huit heures à Versailles.

― Dire qu’on n’a pas encore signé la paix ! s’écrie Mme Arnal en frappant du pied. Quand on pense que tu es obligé de retourner à Paris, mon gros chien-chien !

Et sans se gêner, devant nous, ma foi, elle saute au cou de son mari.

― Pauvre mignonne, dit M. Arnal très ému, en se débarrassant de l’étreinte conjugale, comme tu as dû t’ennuyer ! surtout dans la