Page:Darien, Bas les coeurs, Albert Savine éditeur, 1889.djvu/324

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XXIV


Versailles offre depuis quelques jours un spectacle étrange. Ainsi que le péristyle d’un théâtre, désert et silencieux pendant la représentation de la pièce, se remplit de spectateurs bruyants aussitôt que le rideau a caché la scène, la ville du Grand Roi, si taciturne et si triste, a vu tout à coup envahir ses rues et ses boulevards tranquilles par l’agitation apeurée d’un peuple en fièvre. Autour de l’Assemblée qui siège dans le château sont venus se masser les émigrés de Paris fuyant devant la Commune. Deux cent mille réfugiés, appartenant à toutes les classes de la société, sont accourus s’abriter derrière les baïonnettes des soldats qu’on fait revenir d’Allemagne et qu’on se hâte d’armer et de former en régiments pour combattre l’insurrection.

Les troupes qui se sont échappées de Paris, les gendarmes, les sergents de ville qui ont