canons rayés et à âme lisse, obusiers et mitrailleuses, qu’on y a rangés symétriquement, ainsi que de glorieux trophées. À droite, l’Orangerie, où sont entassés les prisonniers ; à gauche, les Grandes Écuries, où siègent les conseils de guerre qui les jugent ; en face, le plateau de Satory, où on les fusille.
Mon père continue :
― La revanche ! La revanche terrible, sans pitié ! l’anéantissement de l’Allemagne ! Que tout Français tienne le fusil ! Tout pour la guerre ! Tout le monde soldat ! Haut les cœurs !… Voilà ce que je pense, moi ; et je vous le dis comme je le pense, tout crûment. Je ne sais pas faire de phrases, moi. Je suis un bon bourgeois…
Tout à coup, il s’arrête. Là-bas, débouchant de la cour du Château, passant dans l’allée ménagée entre les canons parqués sur la place, une voiture arrive au grand trot.
― C’est Thiers ! s’écrie mon père. Le vainqueur de la Commune ! Le grand patriote !
Et il ajoute :
― Il faut l’acclamer.