Page:Darien, Bas les coeurs, Albert Savine éditeur, 1889.djvu/43

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à Mme Arnal ce que c’était que le concubinage. Elle a commencé une explication vague, s’est troublée et a fini par me dire, en me fouillant de ses yeux profonds, qu’il ne fallait jamais parler de ces choses-là, que tout ça « c’était bien vilain ».

Ce qui est vilain, aussi, c’est de ramasser du crottin dans la rue. Pourtant le père Merlin, tous les soirs régulièrement, recueille celui du quartier. Il se promène dans les rues, pendant une petite heure, avec une pelle et une brouette. Quand il rentre, sa brouette est toujours pleine. On dirait que les chevaux le connaissent et qu’ils tiennent à lui faire plaisir.

J’ai voulu l’aider autrefois dans sa chasse à l’engrais, dans ses pérégrinations à la recherche de la fiente chevaline. Mais Louise m’a rencontré un soir, précédant la brouette, la pelle sur l’épaule, faisant le service d’éclaireur ; elle a prévenu mon père qui m’a formellement défendu de continuer à me compromettre. Un Barbier ramasser du crottin ! Est-ce que j’aurais l’intention de devenir républicain, par hasard ? Ma sœur en rougissait jusqu’aux oreilles.

Le lendemain soir, comme je voyais le père Merlin rôder autour de sa brouette et que je