Page:Darien, Bas les coeurs, Albert Savine éditeur, 1889.djvu/42

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appréciation, car elles ont continué à demander au bonhomme des bouquets qu’il leur offre gracieusement.

Car il est gracieux quand il veut, le père Merlin, très gracieux même. On voit qu’il a été bien élevé. Il est fort comme un Turc, aussi, malgré ses cinquante ans passés. Je l’ai entendu dire, à propos d’un jeune homme de vingt-deux ans, bien râblé, qui le tournait en ridicule :

― Si ce galopin continue, je le casserai en deux comme une allumette.

Et le jeune homme s’est tenu coi.

Il aime beaucoup les enfants. Il paraît qu’il en a eu, mais qu’ils sont morts. Sa femme aussi. Quand je dis : sa femme… On prétend qu’il n’a jamais été marié et qu’il vivait en concubinage. Ça m’intrigue fort. J’ai demandé des renseignements à Catherine qui m’a répondu, mais avec un grand accent de conviction cette fois :

― Le père Merlin ! C’est le bon Dieu qui l’a puni.

Un jour que le vieux m’avait parlé longtemps de ses enfants et de sa femme, comme si de rien n’était, en se déclarant même très malheureux de les avoir perdus, j’ai osé demander