Page:Darien, Bas les coeurs, Albert Savine éditeur, 1889.djvu/54

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viennent d’en sortir agitent leurs casquettes. L’apothicaire aussi remue son mouchoir blanc, pendant que, derrière lui, à travers ses jambes, on aperçoit la blouse bleue du marchand d’oignons, étendu sur le parquet.

Rue Duplessis, à chaque pas, des habitants se jettent dans les rangs, offrant des pains, des saucissons, des bouteilles rouges, des bouteilles jaunes, des bouteilles vertes. Je reconnais M. Legros, l’épicier ― marchand de tabac, notre voisin. Il a apporté des cigares qu’il distribue.

― Tenez, tenez. Et ce sont des bons : des deux sous… bien secs…

Il fait l’article comme s’il voulait les vendre. L’habitude ! Un soldat s’y trompe.

― Est-ce que t’aurais le toupet de ne pas nous les fournir à l’œil, tes cigares, eh ! sale pékin ?

M. Legros proteste. Malgré tout, il a de la peine à s’en tirer.

― À l’œil, mes cigares, à l’œil. Et tenez, mon brave, si vous avez besoin d’allumettes, voilà ma boîte.

De-ci de-là, on entraîne les troupiers dans les cabarets. Devant Beaugardot, le marchand