Page:Darien, Bas les coeurs, Albert Savine éditeur, 1889.djvu/73

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rapidement encore ! On vient de coller sur les murs, ce soir, 6 août, une dépêche qui annonce une revanche de Mac-Mahon : le prince de Prusse a été battu à plate couture et fait prisonnier avec 40.000 hommes de son armée.

― 40.000 prisonniers ! s’écrie ma sœur… Et on a bien dû en tuer autant… Croyez-vous qu’on fusillera les prisonniers, monsieur Pion ?

― Non, mademoiselle. Ce serait contre le Droit de la guerre… à condition qu’ils appartiennent tous à l’armée régulière, car, dans le cas contraire ― M. Pion met en joue, avec ses longs bras, un partisan imaginaire ; ― dans le cas contraire, on peut les passer par les armes sans autre forme de procès. Vous savez que, dans les guerres de l’Empire, particulièrement en Espagne, tout habitant pris les armes à la main était fusillé sommairement.

― Naturellement… C’est bien dommage qu’on ne puisse exécuter ces Prussiens… Ah ! si nous avions des détails sur la bataille…

― Nous en aurons demain.

Heureusement qu’on n’a pas besoin d’avoir des détails pour illuminer et pavoiser. Tout le monde, en ville, a déjà sorti ses drapeaux et rattaché ses lampions.